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III- Les revers de la morphine


III - Les revers de la morphine

 

La morphine est un puissant psychotrope de niveau 3. « Un psychotrope  est toute substance qui agit sur le psychisme en modifiant le fonctionnement mental, entraînant des changements dans les perceptions, l’humeur, la conscience, le comportement et diverses fonctions psychologiques et organiques. »  Le terme psychotrope signifie  littéralement "qui agit, qui donne une direction (trope) à l'esprit ou au comportement (psycho).

 

I - Les effets secondaires

 

Comme tout médicament, la morphine provoque des effets indésirables. Ils ne sont pas systématiques et ils  peuvent être contrôlés par des médicaments. Si la morphine est dosée normalement, les plus fréquents sont la somnolence, les nausées et la constipation :

La somnolence est fréquente au début du traitement par morphine ou lorsque les dosages augmentent. Cet effet est dû au fait que la morphine, qui appartient au groupe des opioïdes, a une action sédative (qui endort). Cela signifie qu’elle soigne la douleur mais aussi l’insomnie. Mais cette somnolence peut aussi venir du manque de sommeil accumulé à cause de la douleur.                                                                                                 

La morphine entraine une constipation car elle contracte les muscles (nombreux récepteurs morphiniques au niveau du système digestif). Du coup, le transit de la nourriture à l’intérieur du système digestif se fait plus lentement et cause une constipation. On observe une rétention urinaire pour la même cause.                                                   

Enfin, si les patients se sentent nauséeux c’est parce que le centre du vomissement est commandé par la chémoréceptrice "Trigger zone" (C.T.Z.). Chémoréceptrice signifie que cette zone est sensible aux stimulations chimiques. A faibles doses, la morphine stimule la C.T.Z., et va donc avoir une action vomitive. Tandis qu’à plus fortes doses, elle déprime le centre du vomissement : donc action anti-vomitive. C’est probablement l’une des raisons pour laquelle, lors des traitements prolongés, les vomissements se voient essentiellement au début du traitement. On prescrit le plus souvent un antiémétique (qui bloque la CTZ) pour les prévenir ou les supprimer.


On peut également souffrir de  confusion, excitation, cauchemars, avec parfois des hallucinations, d’une dépression respiratoire, d’une augmentation de la pression intracrânienne, prurit (démangeaison de la peau) et rougeurs.

L’excitation est provoquée par une libération de dopamine dans le cerveau suite à l’injection de morphine. En effet, la morphine provoque une diminution de la quantité de GABA, un des principaux neurotransmetteurs de l’organisme qui a pour but de réguler la quantité de dopamine relâchée dans le corps. La concentration de dopamine, molécule à l’ origine du plaisir, augmente, ce qui provoque une sensation de plaisir, et donc de l’excitation. Elle a aussi une action euphorisante car la morphine active les récepteurs mu qui agissent sur l’excitabilité, l’activité des neurones.

 

Le plus grave des effets secondaires étant la dépression respiratoire mais qui apparait uniquement lorsqu’il y a surdosage de la morphine. C’est une cause des décès des usagers de drogue lors d'overdose.                                                                                                La dépression respiratoire se manifeste par la réduction de la fréquence et de l’amplitude respiratoire, parfois des ronflements et des périodes d’apnée et une baisse du taux d’oxygène sanguin. C’est une anomalie des centres de la stimulation de la Tronc cérebralrespiration. Les centres nerveux dans le tronc cérébral, situés sous le cerveau, ont pour but de stimuler le mouvement respiratoire et d’adapter sa fréquence suivant si l’on manque d’oxygène ou s’il y a beaucoup de CO₂ à évacuer du sang, lors d’un effort physique par exemple. Ils sont réceptifs aux endomorphines, et l’activation de ces récepteurs par la morphine entraîne, à forte dose, un dysfonctionnement de ces centres nerveux : la respiration n'est plus stimulée, ce qui peut amener à l'insuffisance respiratoire.

 

II- La tolérance, la dépendance et le sevrage à la morphine

 

2.1)      La tolérance

 

La tolérance consiste en une atténuation progressive des effets de la morphine.

Nous allons vous expliquer le mécanisme de la tolérance à la morphine. La tolérance est une conséquence de l'accoutumance de l'organisme au produit. C'est un phénomène normal qui apparaît très souvent, mais il ne traduit pas une dépendance.

Le phénomène de tolérance à la morphine se produit dans le cerveau. Quand la douleur est très forte, le cerveau va libérer des enképhalines  qui vont inhiber les neurotransmetteurs de la douleur et donc la diminuer. La morphine agit de la même façon que les enképhalines : Elle va se fixer, au niveau de la moelle épinière, sur les récepteurs à enképhalines. Par conséquent, dès qu’un message douloureux arrive, il est inhibé dès l’arrivé du message nerveux. La sensation de douleur disparait donc ou est très fortement réduite. Mais le problème majeur est que comme le cerveau n’a plus besoin de produire d’enképhalines pour inhiber la douleur, les récepteurs à opiacés sont détruits petits à petits et il y a donc une nécessité d’injecter plus de morphine pour avoir le même effet. 

La tolérance

 

 








2.2)      La dépendance

Nous allons vous expliquer comment la morphine entraîne une dépendance qui est à la fois physique et psychique.

Tout d’abord, il faut savoir que la dépendance est définie depuis 1975 par   l'Organisation mondiale de la santé (OMS)  comme : « un état psychique et parfois physique, résultant de l'interaction entre un organisme vivant et un produit, caractérisé par des réponses comportementales ou autres qui comportent toujours une compulsion à prendre le produit de façon régulière ou périodique pour ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l'inconfort de son absence (sevrage). La tolérance peut être présente ou non. »

Nous avons vu que lors d'un stimulus provoquant une douleur, des neurones nociceptifs schema neurone(ceux qui perçoivent les stimulations produisant la douleur),  libèrent des messages douloureux, composés de neurotransmetteurs, qui vont dans le cerveau. Ces neurotransmetteurs vont se fixer sur les neurones post-synaptiques et les excitent. Ces derniers envoient alors des potentiels d'action ou PA (des signaux électriques) au cerveau, ce qui fait que la personne ressent la douleur. Lorsqu’elle est trop forte le cerveau va produire des molécules qui vont inhiber ou diminuer le passage  de ces messages nerveux en se fixant à des récepteurs sur les neurones. Avec la morphine, qui a un effet anti douleur plus fort, va aller se fixer en plus grand nombre sur ces récepteurs ce qui provoque une suractivité des récepteurs inhibant la douleur. Les neurones vont donc s’adapter pour retrouver une activité normale et supprimer une partie des récepteurs. Quand la morphine n’est plus administrée, la quantité de molécules inhibant la douleur est beaucoup plus faible. Mais comme les neurones ont supprimé une partie des récepteurs, le message passe moins bien et la douleur n’est plus inhibée correctement, le patient souffre à nouveau et doit reprendre de la morphine pour avoir les mêmes effets : il est dépendant.

 Les effets de la dépendance ne se voient qu'au moment de l'arrêt de la consommation de la drogue : entre deux prises ou lors de l'arrêt total de sa consommation, le sevrage.

 

2.3)      Le sevrage

Après une utilisation prolongée de morphine, l’arrêt du traitement est toujours possible, mais doit cependant être progressif car un arrêt brutal va provoquer un syndrome de sevrage, lié au dérèglement de la production naturelle d’enképhalines par le cerveau et, comme expliqué précédemment, à la dépendance du patient.

 

Les symptômes du sevrage peuvent être une profonde anxiété, une insomnie, beaucoup de sueurs, des spasmes musculaires, frissons, grelottements et tremblements. Ils peuvent apparaître dans les quatre ou cinq heures suivant la dernière dose de morphine et durent habituellement de sept à dix jours.

Il faut environ 6 mois au moins avant que les symptômes de sevrage ne disparaissent complètement.